Les graffitis du port de commerce de Brest

Au premier plan, la salle de concert La Carène et la fresque de Papy TSF et Wen2 TSF C29

"Un Musée à ciel ouvert"...

Les graffitis de Brest auraient pu être un sujet à lui seul tant la ville se distingue par les fresques que l’on peut y découvrir. D’ailleurs, celles-ci se sont largement affranchies du territoire où elles ont été peintes, la ville de Brest étant reconnue pour son activité dans le domaine. En 2011, un projet d’art urbain « Crimes of Minds » est initié dans la ville : pendant trois ans, 21 fresques sont peintes en divers endroits par 26 artistes avec un objectif, faire de la ville un Musée à ciel ouvert en venant à la rencontre d’un très large public. Un site internet et un film en racontent la genèse et en présentent le résultat. Les artistes y racontent leur parcours et leurs motivations, croisant leur itinéraire à celui de leurs collègues, racontant aussi leur passion et leur intérêt pour l’art urbain. Le 27 septembre 2013, une édition de l’émission Thalassa leur a même été consacrée, le fil conducteur étant l’artiste Liliwenn qui est à l’initiative de cet événement artistique produit par l’association Sugar Rush. Les motifs et inspirations de ces œuvres sont larges. Ludiques, sérieuses, graves, elles ne laissent évidemment pas indifférent. Surtout, en colorant l’espace urbain, elles sont comme un jeu de piste au sein de la ville. Mais un jeu de piste qui n’est aucunement dû au hasard, Liliwenn ayant expliqué à Georges Pernoud dans Thalassa de quels repérages des lieux, ces fresques ont hérité, les raisons de leur présence sur un mur plus qu’un autre résultant de motifs convergents : taille et disposition du lieu, accord des propriétaires…

Street art sur le port de commerce

Si le port de Brest a été créé en 1865, son histoire – depuis cette date – en a profondément modifié les contours et activités. Chacune de ses extensions est un gain sur la mer, la poldérisation étant d’ailleurs toujours d’actualité puisque des travaux d’envergure y sont engagés (pour plus d’informations, voir le site http://www.brest.port.fr/en/port-de-brest/historique). Et si certaines zones du port ont permis depuis le début des années 90 et permettent toujours aux artistes du Street art de trouver des surfaces suffisamment amples pour s’exprimer, la transformation des espaces et de leur affectation fait disparaître des bâtiments anciens au profit d’autres, la dimension éphémère des œuvres se manifestant de façon très concrète.

On peut lire l’histoire du Street art à Brest sur le site collaboratif wikibrest.net ou sur le site finistere2point9.fr. Recueil et partage d’informations y figurent, rendant accessibles les œuvres autant que les artistes, parfois sur une longue durée. À partir de 2004 et pendant 7 années, graffs.brestois.free.fr a même recensé les œuvres peintes, avant de fermer en 2011 tout en laissant libre l’accès aux photographies archivées. Une mine pour qui s’intéresse au Street art. Par ailleurs, Christian Julia  a photographié les œuvres dans les rues de Brest et ses environs, son site recensant le résultat de ses investigations. Prises pour certaines en 2018, elles sont une trace qui, comparée aux photographies de 2019, montre la transformation des lieux et des peintures qui y ont été apposées.

Photographier les peintures du port permet un peu de fixer le temps avant que des murs ne disparaissent ou ne soient masqués par la construction d’autres. De plus, les murs racontent ici une sorte de contradiction : les espaces libres se réduisent tandis que les peintures restent immenses, jouant des formes et superficies encore disponibles. Ainsi des fresques peuvent-elles être un temps insérées dans des zones de travaux, leur apparition puis éventuellement leur disparition modifiant l’habillage de l’espace au gré de ses transformations.

Promises à la démolition, des façades portent l’occultation de leurs portes ou  fenêtres par des planches de bois. D’ailleurs, des dessins recouvrent en partie ces planches. Car si les peintures sont susceptibles de disparaître quand les bâtiments n’existeront plus, les artistes trouveront d’autres lieux pour peindre.

Les poules de Brest...

Dans le Télégramme du 28 janvier 2019, dans un article intitulé « Street art. Le papa poule, c’est lui ! »,  l’auteur des poules de toutes tailles et couleurs que l’on trouve un peu partout dans la ville de Brest présente sa démarche et son étonnement devant l’ampleur prise par ce qui est devenu un phénomène, pourtant né d’une blague.

Quoi qu’il en soit, « le papa poule » s’appelle Jean-Yves Le Fourn. Depuis 2014, il trace au pochoir des poules dans des lieux inattendus ou pas. Indéniablement, ces gallinacées semblent tellement faire partie du paysage qu’elles peuvent sembler avoir toujours occupé cette place ! Sur le port comme ailleurs dans la ville, on trouve des poules évidemment sur des murs, mais également sur des plots, sur la route, sur du mobilier urbain. Et on en trouve aussi sur des peintures.

Bref, elles sont présentes en de nombreux endroits, donnant de la couleur et apportant de l’humour dans les lieux très contrastés où elles résident.

Si, d’une certaine façon, le port de Brest est à lui seul un lieu d’exposition, c’est finalement toute la ville de Brest qui a cette particularité. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’expression « Musée à ciel ouvert » est plusieurs fois utilisée pour la qualifier. Indéniablement, le Street art a apprivoisé cette ville contrastée dont un des intérêts est celui des façades peintes qu’on peut y découvrir et qui méritent le détour.

2 réflexions sur “Les graffitis du port de commerce de Brest”

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