La cathédrale Saint-Etienne de Metz

Un bel édifice

D’une belle couleur jaune parce qu’en pierre de Jaumont, une carrière située en Moselle, la cathédrale Saint-Étienne de Metz étonne par ses proportions. Non seulement, elle est parmi les plus vastes et hautes de France, mais elle possède aussi la plus grande surface de vitraux (6 500 m2). C’est l’évêque de Metz, Conrad de Scharfenberg, qui est à l’initiative de sa construction. Celle-ci démarre au XIIIe siècle (aux alentours de 1235-1240) pour se prolonger pendant trois siècles et au-delà, des aménagements ayant été conçus jusqu’à une période récente. Le nom d’un architecte de la cathédrale, Pierre Perrat (1340-1400), est l’un des premiers à avoir traversé les siècles.

En dépit d’une succession de campagnes de constructions, l’ensemble forme un édifice cohérent. Il est installé sur le site d’une ancienne basilique ottonienne (Xe-XIIIe siècles), lui-même situé sur le sanctuaire de Saint-Étienne (Ve-Xe siècles).

L’intérieur de la cathédrale est sobre et majestueux tout à la fois, les nombreux vitraux conférant à l’espace beaucoup de dignité. On doit notamment cette sobriété au fait que, au XIXe siècle, la cathédrale fut vidée d’une partie de son mobilier pour que de l’espace retrouvé, naisse une impression de pureté.

Plusieurs vitraux sont l’œuvre d’artisans verriers célèbres du XVIe siècle (Hermann de Münster, Théobald de Lixheim, Valentin Bousch), d’autres ont été conçus par des artistes contemporains (Jacques Villon en 1957 ; Marc Chagall et Roger Bissière en 1960) qui remplacèrent ceux qui avaient été détruits pendant la Deuxième Guerre mondiale.


Des graffitis d'une grande diversité

L’intérieur de la cathédrale se distingue aussi par la diversité des graffitis qui recouvrent des piliers ou des parois. Le premier – portant le nom HOGNON – a peut-être été gravé en 1500 comme le suggère un journaliste du Républicain Lorrain (18/02/2019, photographe : Olivier Jarrige) dans un article intitulé « Photos. 500 ans de graffitis : une visite insolite de la cathédrale de Metz ». A moins que la date que l’on pense lire ne soit pas celle-ci…

 

Quoi qu’il en soit, les graffitis sont nombreux, particulièrement dans le déambulatoire autour du cœur, plus spécialement là où des chaises et des bancs longent le mur. Années, motifs, types d’écriture sont mêlés, les cœurs et messages amoureux cohabitant avec la signature des artisans et des tailleurs de pierre (les lettres CG bien tracées se retrouvent sur plusieurs piliers) mais aussi avec des messages – par exemple, « Police Partout Justice Nul Part » ; « Jésus n’a pas crier [sic] assez fort » ; « Lisez la Bible » – ou des symboles tels le symbole anarchiste ou la croix gammée que l’on s’étonne de croiser en ce lieu et qui, plus encore pour le second, n’a évidemment rien à y faire.

La marque d'un artisan que l'on retrouve sur de très nombreux pilliers
Probablement, cette inscription particulière est-elle la signature d'un graveur de pierre

Si de nombreuses inscriptions sont récentes, de nombreuses autres ont été gravées au cours des siècles précédents. Quand elles existent, les dates les plus fréquentes sont situées aux XVIIe et XVIIIe siècles. Elles accompagnent un nom associé à un prénom ou bien des initiales seules : GILLES JOURY 1776 ; JACQUES BOUCHEZ 1737 (que l’on retrouve sur un autre pilier) ; I.F.G. 1786 ; Fh 1668… Beaucoup sont profondément gravées, certaines sont encadrées ou soulignées, montrant le soin apporté au geste, et par conséquent, l’intérêt qui lui est accordé.

Pour autant, de nombreuses gravures sont dépourvues d’un repère temporel comme ce graffiti IA. KESEL ou celui associant les deux mêmes lettres FF.

En outre, les gravures peuvent figurer sur un pilier mais elles peuvent aussi avoir été tracées à la base  de celui-ci ou dans les plis de la sculpture, de toute évidence par des artisans.

Souvent, les gravures intriguent dont celle qui semble avoir été écrite à l’envers. Dans l’article déjà cité du Républicain Lorrain, le journaliste commente : « Un graffiti à la fois drôle et hermétique : pourquoi graver son nom à l’envers ? Parce que ça donne Claudbisou ! Claude Bisou. En 1739. Un message équivoque d’un amour interdit ? Ou un anagramme, parce que le mot bisou n’est peut-être pas si répandu que ça à l’époque ? ».

Et si Claudbisou n’avait été qu’un personnage original ou un artiste ou un petit rigolo qui, tout simplement, s’était efforcé d’écrire son patronyme sous une forme amusante…

D’autres graffitis intriguent dont celui-ci par rapport auquel le ou les auteurs semblent avoir tracé le corps stylisé d’un oiseau autour d’un ensemble composé d’une croix, de lettres et de deux étoiles.

A moins que cette interprétation ne soit qu’un effet d’optique qui résulte de la superposition de plusieurs contributeurs.

Finalement, dans cette cathédrale comme ailleurs, l’interprétation des graffitis fait appel à notre imagination. Ce qui rend inépuisable l’intérêt que l’on peut leur porter…

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