Une histoire de lavoir à Pont-l’Abbé-d’Arnoult (Charente-Maritime)

Là où coule une rivière...

Pont-l’Abbé-d’Arnoult est l’une des quinze communes que traverse l’Arnoult, une rivière d’une quarantaine de kilomètres qui se jette dans le canal de la Charente à la Seudre. Cet ancien bras de mer traverse des plaines alluviales dédiées à la production maraichère. On y cultive notamment  des mojhettes (mojettes ou monjhettes), ou si l’on préfère des haricots blancs secs… que l’on trouve à partir du mois d’août chez tous les primeurs de la région.

 

D’ailleurs, à l’entrée de la commune de la commune, une composition végétale y fait référence !

L'ancien lavoir

L’ancien lavoir de la commune est situé sur le chemin des Cadorettes qui, d’un côté, longe des terres maraîchères, de l’autre, une falaise. Son emplacement est à la frontière des communes de Pont-l’Abbé-d’Arnoult et de Sainte-Radégonde, mais sur le territoire de la première. Si la date de sa construction n’est pas connue, une fiche d’information émanant du syndicat d’initiative précise en revanche que sa réfection l’a été en 1822 « avec adjonction de la charpente », celle actuelle ayant d’ailleurs été installée en 1986-1987.

Ce chemin des Cadorettes est un lieu de promenade et son lavoir, bien que mal entretenu, un passage obligé. Parce qu’à distance raisonnable du village et dans un lieu assez calme, il a vu des générations de Pontilabiens s’y rendre, ceci depuis des décennies. En atteste un nombre important de graffitis, anciens et actuels, qui « décorent » ses murs et racontent une variété de petites histoires qui se suivent et se chevauchent…

La peinture rouge masque et révèle tout à la fois des signatures anciennes et le marqueur noir dit avec humour ce que tous les auteurs de ces graffitis auraient pu dire : « Bon Gilles… Elle est passé par là »…

Des hommes et femmes, jeunes peut-être mais pas forcément, sont effectivement passés par là… Et, chacun à sa manière, ils l’ont écrit.

Les premiers graffeurs du lavoir

Les graffitis les plus anciens datent des années 1860. Ce qui est tout à fait cohérent avec l’histoire des lavoirs, même si pour celui-ci en particulier, on ne sait pas précisément quelle en est la date de construction. C’est en effet au cours de la deuxième moitié de XIXe siècle que des lavoirs sont installés dans les campagnes, à proximité d’un point d’eau. C’est le cas ici. L’Arnoult coule en contrebas et une dérivation permet d’acheminer l’eau de la rivière jusqu’au lavoir.

A des fins d’éducation populaire et dans une perspective de santé publique, l’Etat fut alors partie prenante de ces projets d’équipements qui avaient aussi pour mission de faire de l’hygiène une pratique populaire et non réservée à un couche aisée de la population.

Le grand nettoyage du linge pouvait se faire deux fois par an, avant que les pratiques ne se transforment au fur et à mesure de l’évolution technique et que, de ce fait, le lavage du linge n’intègre la sphère privée. Ainsi ces lieux, de la même manière que les autres lieux très fréquentés, ont-ils été gravés des patronymes des visiteurs et des objets et contenus de leur vie courante.

A côté des noms figurent donc des gravures d’habitats ou encore une église, probablement celle du village. Et si un peu de la mémoire du village a été dessinée sur ces pierres, celle des travaux de réfection y figure aussi, mais de manière insolite et totalement involontaire. En effet, une pierre a été installée à l’envers par les artisans qui ont rebâti l’ensemble. Désormais, pour qui y prête attention, les graffitis se lisent tête à l’envers…

Des décennies plus tard

 
 
Le temps passe mais pas l’envie de raconter un peu de soi sur ce lavoir. La couleur des bombes aérosols ou des feutres plante le décor. La provocation aussi. Et l’humour… indéniablement.

 

Ici comme ailleurs, les graveurs et/ ou graffiteurs se répondent, à des décennies de distance. On le voit avec cette pierre qui, probablement, porte le nom de deux artisans. Or, c’est la peinture  argentée dont elle a été recouverte qui a pour particularité d’en révéler les détails…

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