La Basilique Saint-Eutrope de Saintes

En hommage au premier évêque de Saintes

La basilique Saint-Eutrope de Saintes a ceci de particulier qu’elle est constituée d’une église haute (dont la nef figure sur la photographie ci-dessus) et d’une église basse, qui est une belle et vaste crypte (photographie ci-dessous)  accueillant le cénotaphe de Saint-Eutrope, premier évêque de Saintes et martyr. Ce sont les moines bénédictins qui, ayant reçu en donation (en 1081) la première église dédiée à Saint-Eutrope, souhaitèrent raviver le culte envers ce saint et entreprirent la construction d’une nouvelle église dont les plans sont attribués à un moine clunisien, Benoît. Les travaux s’achevèrent au début du XIIe siècle.

L’histoire de ces lieux n’est pas banale et ce que l’on en voit aujourd’hui est le résultat de plusieurs constructions et destructions. Sur le site Monuments romans de la région Poitou-Charentes, on peut lire : « L’édifice connaît au 15e siècle un important remaniement : l’abside et le déambulatoire du chœur roman disparaissent lors de l’aménagement d’une grande chapelle gothique ; un haut clocher est édifié sur le bras nord du transept. Mais la principale mutilation subie par l’église date de 1803, quand la nef est détruite. De la grande église Saint-Eutrope ne subsistent plus que les parties orientales : la crypte, le chœur et le transept« .

Avant que ces modifications radicales ne bouleversent l’organisation très élaborée de cet édifice, les pèlerins pouvaient circuler d’un niveau à l’autre en empruntant un large escalier situé au niveau du choeur. Une disposition que l’on peut découvrir sur un plan figurant sur la page « Saintes église Saint-Eutrope » du site Patrimoine histoire.fr. Il donne à voir une architecture audacieuse malheureusement disparue. Restent en revanche des sculptures et des colonnes d’une grande beauté.

Un lieu de culte très fréquenté

Le récit de la vie de Saint-Eutrope a connu de nombreuses versions que présente Louis Audiat – cet historien qui vint à Saintes pour enseigner à partir de 1858 et qui se passionna pour l’histoire de la ville – dans Saint Eutrope. Premier Evêque de Saintes dans l’histoire, la légende, l’archéologie (1887). Son livre commence ainsi :  » Saint Eutrope est le fondateur de l’église de Saintes, et le premier de cette longue liste de pontifes qui,  pendant tant de siècles, ne compte ni un hérésiarque ni un schismatique ; dont plusieurs, au contraire, méritèrent d’être mis au nombre des saints, et dont le dernier fut,  comme lui, martyr de la foi. Il venait de bien loin apporter aux bords de la Charente la bonne nouvelle déjà répandue sur les rives du Jourdain et du Tibre ».

Les pages suivantes analysent les textes qui ont contribué à façonner la légende de cet homme qui serait mort sous les coups de la fureur du procureur de Saintes qui, au Ier siècle, n’avait pu supporter la conversion de sa fille Eustelle (ou Estelle).

Quoi qu’il en soit, l’église qui rend hommage à Saint-Eutrope fut un lieu important de pèlerinage, situé de surcroît sur le  chemin de Compostelle. D’ailleurs, c’est à ce titre qu’elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Des colonnes portant la trace des pèlerins

Ce sont principalement des croix que les pèlerins ont gravées. Croix latines, croix ancrées, croix celtiques, croix de Lorraine ou d’Anjou… sont autant de témoignages de leur foi mais aussi de la diversité de leurs origines.  Dans son ouvrage, Louis Audiat (1887 : 82-83) évoque l’importance des pèlerinages en cette église et la motivation des pèlerins à venir y prier : « Le moine de Saint-Cybard constatait, au XIe siècle, que d’innombrables miracles s’opéraient par saint Eutrope ; que son nom était célèbre non seulement en Aquitaine, mais encore dans le reste de la France, dans la Grande-Bretagne et une foule d’autres pays, et qu’il n’y avait dans ces contrées aucune ville, aucun lieu connu où l’on n’eût entendu son nom. Au XIIIe siècle, Vincent de Beauvais raconte que de son temps les malades accouraient en foule à la confession du martyr, et appendaient aux murs un souvenir et un témoignage de leur guérison ».

Si l’on en croit un plan réalisé par Jochen Janhke que l’on peut consulter sur une page Wikipedia consacrée à la basilique, les colonnes qui entourent le cénotaphe datent de la construction de l’édifice (XIe et XIIe siècles). Sachant que c’est à cette époque que les pèlerinages ont commencé, on peut faire l’hypothèse que beaucoup des croix gravées sur les colonnes l’ont été par ces premiers pèlerins.

 

Des fonts baptismaux qui datent du XIe siècle

Sur la pierre patinée des fonds baptismaux de la crypte, des lettres et quelques patronymes ont  eux aussi été gravés. Mais le trait est maladroit et les lettres hésitantes, probablement parce que la pierre (du granit ?) ne se prête à l’exercice qu’au prix d’un important effort.

Questions sans réponse

Et dans ce lieu comme en d’autres, on est face à des énigmes. Que veut dire ce Valmy, accompagné de la date 15 9 1890 ? La bataille de Valmy ayant été remportée le 20 septembre 1792, il ne peut évidemment pas s’agir de cet événement… D’ailleurs, s’agit-il d’un événement ? Et ce bateau ? Certes il s’efface, mais on devine toutefois ses courbes et sa structure ressemble à un bateau viking. Mais n’est-ce pas le fruit de notre imagination ? Et qui est ce « bon garçon » dont un mur à l’entrée de la crypte porte le nom et le compliment ?

Et dans ce lieu comme en d’autres, de réponse il ne sera pas question…

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