Église Saint-Gorgon de Varangéville (Meurthe-et-Moselle)

Une belle sobriété

D’allure plutôt sobre à l’extérieur, l’Église-halle Saint-Gorgon de Varangéville présente une nef étonnante. Les piliers de ses voutes gothiques sont des palmiers élancés qui apportent à l’édifice une grande élégance. L’ensemble aurait été édifié au cours d’une période allant de la fin du XVe siècle au début du XVIe siècle, sur une cinquantaine d’années environ. Une précision que nous a adressée Philippe-René Denis dans une note où il signalait plusieurs éléments fautifs dans cet article et dont nous lui sommes gré.

L’église de Varangéville n’est située qu’à quelques kilomètres de la basilique de Saint Nicolas de Port et l’histoire des deux sites est mêlée. En effet, la première vit sa reconstruction mise en œuvre après que la seconde, qui accueillait une relique de Saint Nicolas, devint un lieu de pèlerinage très fréquenté.

Quant à la façade que nous voyons aujourd’hui, selon  Philippe-René Denis (voir supra) « elle tient bien plus de la fin du XVIIIe siècle et de ses rafistolages d’époque dont on mesure le peu d’application par des raccords peu heureux car fort malhabiles et saillants (à moins que ce soit là une volonté en propre d’attente et de réserves de maçonnerie pour de futurs travaux qui n’eurent jamais lieu) ».

Prier les saints

Si quelques graffitis anciens ont été gravés à l’intérieur de l’église, à l’exception de quelques-uns d’entre eux, peu de dates permettent de les situer dans le temps. En revanche, des inscriptions tracées au XXe siècle se retrouvent en plusieurs endroits. Elles figurent sur les murs nord et sud, près des sculptures de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de Saint-Antoine, dans l’environnement d’ex-votos dont les dates qu’ils précisent courent sur une cinquantaine d’années (première moitié du XXe siècle) et peuvent correspondre aux événements collectifs (par exemple l’année 1918 avec des ex-votos exprimant la reconnaissance à Saint-Antoine de Padoue). Pour ces derniers, Philippe-René Denis (voir supra) précise qu’ils sont à corréler avec le « contexte de la généralisation du culte à St Antoine de Padoue et du rôle que l’église lui a assigné dans le retour de l’Alsace-Lorraine à la France ».

Il est également intéressant de voir que pour les remerciements adressés à Sainte-Thérèse le sont pour certains à des dates proches de la canonisation (1920) de cette dernière. À proximité, les murs sont couverts de demandes, prières et supplications dont les motifs sont privés (amoureux, familiaux, amicaux…) et qui, pour leur part, se retrouvent jusque dans les années 2010. Souvent imbriquées les unes aux autres, ces inscriptions sont tracées au crayon de papier ou à la craie mais elles peuvent aussi être creusées dans le plâtre qui recouvre les murs. Parents, enfants, amoureux éconduits disent leur tristesse et implorent le soutien de la sainte ou du saint à qui ils s’adressent. Parmi toutes les demandes, on peut lire par exemple : « Faites que ma famille reste toujours unie et que mon amour me revienne vite. Priez pour nous ». Plus insolite : « Faites que je marque à chaque match de foot deux buts »…

 

Et à l’extérieur ?

Sur les murs extérieurs de l’édifice, les gravures sont tout autres. Elles sont ou bien des graffitis creusés pour dire la présence en ce lieu (noms, prénoms, initiales, signes…) ou bien elles se substituent aux pierres tombales qui ont été levées. À leur sujet, Jacques Choux (1909-2002), ancien conservateur au Musée lorrain, expliquait ceci : « Sur le mur nord de l’église, dans le cimetière, on peut lire (en particulier à hauteur de la chapelle du sépulcre [chapelle de l’onction pour Philippe-René Denis]) diverses inscriptions signalant : Le chef de Marie-Anne Thomassin, Le chef de Barbe Pitoux, Le chef de Nicolas Colas, etc. Dans un cimetière autrefois très exigu et servant à deux localités importantes, Varangéville et Saint-Nicolas, les inhumations successives bouleversaient fréquemment les tombes. Les ossements étaient déposés dans trois charniers adossés à l’église, entre les contreforts. Mais certaines familles, désirant conserver l’identification des restes de leurs défunts, faisaient encastrer dans le mur, à proximité des charniers, le chef, c’est à dire le crâne, et une inscription indiquait à qui il avait appartenu. Cette coutume se retrouve ailleurs, mais elle avait pris à Varangéville une telle ampleur que la stabilité des murailles fut finalement compromise par ces innombrables trous qu’on y faisait. À diverses reprises cette pratique fut interdite ; elle disparut progressivement au cours du XVIIIe siècle ».

Pour autant, les inscriptions correspondant au commentaire de Jacques Choux – et qui sont datées (toutes ne le sont pas) – portent des dates situées au XVIIIe siècle, c’est-à-dire dans une période au cours de laquelle cette pratique commence à disparaître.

 

 

Des signes figurent aussi sur la façade bien qu’ils soient en nombre restreint par rapport aux autres types de gravures. Ainsi en est-il de cette coquille Saint-Jacques ou de cette croix…

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