Pour cet espace comme pour les autres, les artistes ont donc joué le jeu, acceptant les consignes et contraintes, s’ajustant aux lieux et personnes, trouvant même en cela un motif de créativité. Vertueuse, la pratique est fondée sur l’idée que ce lieu est un bien partagé, qui deviendra plus tard un bien à transmettre, après que le maire de La Courneuve, Gilles Poux (qui a lui-même travaillé dans cette usine), ait pris conscience de son importance artistique après l’avoir visité. Ainsi l’occupation de cette usine, qui est désaffectée depuis 2012, est-elle passée d’une pratique clandestine à une pratique tolérée, puis encouragée. Dans un article du Parisien, paru le 3 novembre 2022, les trois découvreurs des lieux expliquent à Claire Guédon qu’ils ont souhaité sortir de l’ombre en 2021, avec le concours de Thomasine Zoler : « Il devenait urgent d’afficher notre identité pour exister, souligne Namasté. On avait tellement investi le lieu… Cela a fait aussi notre force d’ailleurs. La Babcockerie, c’est un grand navire, avec un équipage. »
Un peu plus tard, le lieu est donc ouvert à la visite, faisant dans ce cadre l’objet d’annonces publiées sur des sites touristiques traitant de Paris et de ses environs. En fait, ces textes placent l’éphémère au cœur des arguments avancés : visiter ce lieu s’avère d’autant plus précieux que sa durée de vie est limitée. D’ailleurs, en augmentant le nombre de semaines de visite, le retard pris par les travaux a rendu plus exceptionnelle encore l’ouverture au public. Les visiteurs chanceux et heureux de l’être ont donc laissé des commentaires dithyrambiques sur le site ExploreParis, montrant la place importante acquise par l’art de rue dans les expériences culturelles.