Entre les villes de Pont-à-Mousson et de Metz, court le Rupt de Mad, une rivière d’une cinquantaine de kilomètres – affluent de la Moselle – dont le cours parfois irrégulier a creusé un paysage contrasté, depuis les côtes de Meuse où elle prend sa source jusqu’à sa confluence. Outre sa richesse écologique (protégée par le classement Natura 2000), la vallée du Rupt de Mad, comme les territoires qui la jouxtent, témoigne d’une histoire conflictuelle où se mêlent le travail de la vigne et les dépendances et concurrences territoriales tant politiques que religieuses. Un exemple de cette histoire : les cinq aîtres fortifiés de la vallée – Arnaville, Bayonville, Vadelainville, Onville, Waville – qui constituent un ensemble d’un grand intérêt. Situés à quelques kilomètres les uns des autres, ces villages sont situés au nord de la vallée et leur histoire est liée à l’influence de plusieurs Abbayes dont celle de Gorze ainsi qu’au voisinage souvent mouvementé avec le Duché de Lorraine.
Les aîtres. Qu’est-ce que c’est ?
Les aîtres – à l’origine des « cimetières fortifiés » – sont formés d’un ensemble de maisons qui, disposées en fer à cheval autour d’une église fortifiée et de son cimetière, constituent une muraille protectrice. Dans Les villageois face à la guerre. XIVe-XVIIIe siècles (in : Desplat, 2002), Jacques Reisdorfer raconte le cheminement de ces constructions. À partir du XIVe siècle et à des fins défensives, des églises ont été transformées sur le modèle de l’architecture militaire de même que l’a été l’environnement dans lequel elles prenaient place.
Cinq aîtres à visiter
C’est le cas de ces cinq aîtres dont le grand intérêt pour le promeneur d’aujourd’hui est d’être situés dans le voisinage les uns des autres et de former un ensemble qui, tout en étant uniforme, présente pour chaque site des traits originaux.
Pour les visiter, on peut emprunter un circuit pédestre de 17 kms environ qui permet d’apprécier la vallée et les coteaux autrefois couverts de vignes, aujourd’hui très largement boisés. Pour cela, on doit se rendre à Villecey-sur-Mad, devant l’église, et suivre le balisage (un rond rouge et un fer à cheval). On peut évidemment s’y rendre en voiture, sachant que si l’on vient de Metz ou de Nancy, le premier aître que l’on visite est Arnaville, le village « le plus peuplé de la vallée » (François, 2014 : p. 77)[1] et qui doit son nom à l’évêque Saint-Arnald « propriétaire d’un domaine viticole aux pieds du Rudemont » (ibid.). De là, on emprunte la route départementale 952 pour rejoindre les quatre autres aîtres.
[1] Accès : https://issuu.com/marionfrancois/docs/m__moire_de_fin_d___tude_marion_fra/142