Au fil du pont

Un pont qui a connu une forte affluence par le passé

Ouvert à la circulation le 20 avril 1842, le pont de Tonnay-Charente devait faciliter les déplacements sur l’axe SaintMalo/Nantes/Bordeaux sans empêcher la navigation fluviale. Imposant par ses dimensions (une hauteur de 23 mètres et une longueur totale de 623 mètres dont un tablier ou structure porteuse de 204 mètres), cet ouvrage d’art est accessible, sur la rive droite, depuis les quais aménagés de Tonnay-Charente et, sur la rive gauche, depuis les marais de Saint-Hippolyte. 

Difficile d’imaginer que, par le passé, ce pont suspendu ait pu connaître une forte affluence. Pourtant, en 1964, année où il a été fermé aux voitures, il pouvait accueillir jusqu’à 3 300 véhicules par jour. En fait, comme beaucoup de ponts de sa catégorie, le pont suspendu de Tonnay-Charente se révéla inapte à satisfaire des besoins grandissants de circulation. Pour autant, il a permis à des générations d’hommes et de femmes de se déplacer et… pour l’anecdote, à de nombreux coureurs du Tour de France de s’y engager (40 fois entre 1903 et 1962) ! 

 

Un édifice classé monument historique

 

Actuellement, il est l’un des rares ponts suspendus du XIXe siècle encore debout en Europe. D’où le fait qu’il a servi de décor au téléfilm Trois jours en juin (Philippe Venault, 2005) qui raconte la défense par l’Armée française (durant la débâcle de juin 1940) d’un pont situé… sur la Loire. 

Déambuler entre et sur les piliers du pont permet d’apprécier un harmonieux mariage entre des caractères esthétiques et des propriétés techniques. Qu’il s’agisse du cadre ou de l’édifice, tout concourt à faire de ce lieu un site où l’on venait et vient encore se promener. D’ailleurs, si à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, ce sont des cartes postales qui montraient des badauds déambulant sur et sous le pont, aujourd’hui, ce sont des blogs, des sites ou des vidéos postées sur YouTube qui vantent les joies d’une promenade en ce lieu.

Les graffitis que l’on peut lire sous le pont sont apposés sur toute la longueur de l’édifice, plutôt à hauteur d’homme ou de femme, mais pas toujours. Le trait de certains est très soigné et la gravure profonde. Ce qui témoigne de l’importance accordée au geste lui-même. En revanche, beaucoup de graffitis sont superposés, une caractéristique rendant l’identification de la totalité des inscriptions impossible et aléatoire l’interprétation de plusieurs. Enfin, si une série de graffitis renvoie à la période de l’Occupation, la plupart des autres font écho à des moments et gestes de vie qui sont non seulement ordinaires (marquer sa présence ou exprimer des sentiments…) mais qui traversent aussi les générations. 

 

 

 

Des témoignages divers

 

Qu’ils témoignent de l’amour, de la guerre, de la vie quotidienne ou d’un engagement, ces graffitis qui courent de la moitié du XIXe siècle à la période contemporaine font du site la vitrine d’une zone géographique et humaine qui mêle terre et mer, zones urbaine et rurale. Conserver, transmettre et archiver les traces de cette présence en faisant appel à la photographie est donc indispensable. D’une part, l’image permet de suivre et d’enregistrer l’enchevêtrement des mémoires individuelles et communes. D’autre part, soumis aux faits et méfaits du temps, des graffitis s’estompent, voire disparaissent. C’est pour ces raisons qu’il est important de rendre à ceux qui ont déambulé en ce lieu le souvenir de quelques-uns de leurs gestes quotidiens. 

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